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BURY Pol

Pol Bury est né à Haine-Saint-Pierre le , et décédé à Paris le

Il fit des études qu’on ne peut dire triomphales, si ce n’est dans des domaines où l’imagination pouvait un peu tromper la raison. Ainsi brilla-t-il, tout jeune, dans la rédaction, bien que restant plutôt rétif à la syntaxe (le style n’est pas nécessairement affaire de règles), dont il admirait cependant les secrets dévoilés par la lecture des bons auteurs.
Plus tard, ceux que, par exemple, les premiers surréalistes de Belgique lui apprirent à découvrir et qui allaient paradoxalement le conduire un jour à une admiration passionnée pour Balzac et Flaubert. Ces appétits de lecture et d’écriture ne le quitteront jamais.
Il passa six mois dans une Académie des Beaux-Arts, à Mons, pour rassurer une maman inquiète, mais n’y apprit guère plus qu’à compter les poils de ses pinceaux. Par contre, des rencontres le marquèrent profondément : Achille Chavée, René Magritte, Paul Colinet . . . Poètes en images et en mots.
Dès 1938, Pol Bury peint, sensible aux métaphores surréalistes. A partir de 1949, il s’éloigne de cette imagerie – il fréquente de près Christian Dotremont et le groupe Cobra – et insensiblement s’engage dans une abstraction qui deviendra volontairement froide et rigoureuse (groupes Art abstrait, Art construit).
Vers 1950, la découverte du monde aérien de Calder suscite en lui d’autres émotions et en 1953, décollant du mur et des deux dimensions, il propose ses premiers « Plans mobiles », puis ses « Multiplans », « Girouettes » …
Le peintre se fait sculpteur ; ses horizons s’élargissent, ses espaces se meublent. En 1955, il participe, chez Denise René, à l’exposition « Le Mouvement » avec Agam, Calder, Duchamp, Jacobsen, Soto, Tinguely, Vasarely, exposition qui depuis a pris figure d’événement historique.
Bientôt le moteur électrique remplace la main et le vent et mobilise d’autres turbulences. Viendront les « Ponctuations », les « Entités » érectiles, rétractiles …
Il travaille le bois, se joue de la perspective, de la pesanteur, de l’équilibre, aime à surprendre les regards attentifs, inattentifs, à stimuler des attentes, à remuer l’imperceptible, s’intéressant essentiellement aux vertiges de la lenteur qui dilate le temps et simule l’immobilité.
Le point, la boule, la bille, le cube sont ses figures et pièges privilégiés.
Des murmures, des frémissements alertent les oreilles et agitent un rien de mystère.
Humour aussi dans ces chatouillis et ces simulacres de vie.
Du bois et ses chaleurs, Pol Bury passe plus tard (1967) au métal et à ses rigueurs plus mâles. L’acier inoxydable, le cuivre poli prêtent leurs reflets aux mouvements patients et imprévus (la rotation est l’ennemi), déforment les images extérieures qu’ils accueillent et renvoient, affrontent l’air libre, les lumières du ciel, autorisent l’aimant et ses facéties magnétiques, ajouteur d’aléatoire à de l’inattendu.
En 1957, il crée, avec André Balthazar, le Daily-Bûl (revue et éditions) que gouverne une certaine désinvolture et dont il alimentera régulièrement le catalogue.
En 1961, il quitte la Belgique pour Paris, mais reste attaché à quelques-unes de ses racines. Dès lors les expositions individuelles et collectives se multiplient en France et à travers le monde. Lui-même voyage et fait de nombreux séjours aux Etats-Unis : ses œuvres y circulent et s’y installent aussi dans les musées et collections les plus importants.
L’homme du ténu affronte les poids lourds : cinq tonnes de colonnes s’articuleront et se désarticuleront dans une sorte de torpeur menaçante, forêt de troncs sans branches aux gesticulations retenues . . .
Si, en 1969, le Musée d’Iowa s’offrait une fontaine de Pol Bury, c’est surtout à partir de 1976 que l’artiste s’intéresse à l’eau, qui « molle par nature, mais impétueuse quand il le faut, adoucit les mouvements ». Sculptures hydrauliques qui depuis peuplent bien des espaces privés et publics, du Guggenheim (New York) au Palais Royal (Paris), de la Fondation Maeght (Saint-Paul) au Parc Gilson (La Louvière).
Pol Bury n’a a jamais cessé d’écrire – « l’écriture m’a toujours ravi parce qu’elle me permet de formuler ce à quoi je n’aurais jamais pensé » - mais publie davantage livres et articles divers. Il aime tremper sa plume dans une encre ironique ou narquoise, adversaire parfois féroce de toutes les idées reçues. Il y fait bonne part à l’esprit de dérision et manie un humour décapant qu’on pourrait parfois croire bonhomme.
Parallèlement dès 1964, il réalise d’autres œuvres d’encre et de papier, et retrouve les plaisirs de l’image qu’il « cinétise » ou « ramollit », bousculant des réalités trop bien assises.
Sans théorie arrêtée, sa démarche restera fidèle au mouvement et à ses magies réelles ou simulées.